« Pourquoi ? Un des mystères inexpliqués de la vie, ou plutôt de ma vie, c’est ça. Pourquoi on trouve naturel que la femme du vicaire aille à la messe. C’est vrai. On ne demande pas à la femme d’un avocat d’aller au tribunal, ni à celle d’un acteur d’assister à chaque représentation, alors pourquoi faut-il que moi, je sois toujours de la parade? »
Dans ce monologue d’Alan Bennett, Suzanne (Claire Petit) se débat avec les faux semblants de la paroisse, le cercle des ouailles de son époux et trouve parfois des échappatoires qui défient la morale…
L’atelier théâtre fait des petits…
Il fallait bien que cela arrive, qu’un jour l’un-e des membres de l’atelier exprime l’envie d’aller plus loin. C’est chose faite: Claire a souhaité développer son expérience théâtrale au-delà du travail hebdomadaire avec le groupe. Mais pas question pour elle d’abandonner ses camarades! Alors elle a mené deux projets de front: Passés, avec l’atelier, et Un Lit parmi les Lentilles, d’Alan Bennett.
C’est elle qui a choisi ce texte. Un personnage qui lui tient à cœur, puisqu’elle avait déjà eu l’occasion de l’aborder dans un extrait, dans Ensalada dans l’atelier, le spectacle donné par l’atelier en 2014.
A défi personnel, rythme personnel
Et quel défi! Jouer seule, pendant 45 minutes. Tenir le rythme, sans béquilles. Pour une première expérience hors atelier, Claire s’est mis la barre haut. Aurélie et Pascal l’ont accompagnée tout au long de cette démarche et ont assuré la mise en scène du spectacle.
Une bonne année de répétitions intenses. Pas question ici de se voir toutes les semaines, mais plutôt de laisser mûrir le travail, le personnage. Mémoriser le texte, le faire sien pour s’en libérer, chercher un corps et le décor dans lequel il évolue…
Une femme muselée nous parle
Suzanne est femme de vicaire anglican. Elle s’ennuie dans les carcans de son univers et elle se dévoile devant nous: ses exaspérations, ses frustrations, ses désirs, sa sensualité révélée sur un sac de lentilles… Elle évoque, avec une drôlerie mêlée de cynisme, les petites mesquineries des femmes qui entourent son vicaire de mari.
Le rôle pris en main par Claire est donc loin d’être univoque. Au contraire, il offre finalement une riche palette de personnages et d’émotions, tant est si bien que le spectateur file d’une émotion à une autre, au rythme des énergies développées par la comédienne.
Un décor par touches
La maison: un canapé et une table basse.
L’église: un simple prie-dieu.
La sacristie: une armoire métallique.
Notre idée: laisser le maximum de place au texte, au jeu. Donner simplement matière à symboliser. Avouons-le aussi, faire de ce spectacle un spectacle simple à mettre en place, afin que Claire puisse expérimenter le fait de jouer plusieurs fois. Nous savons la difficulté d’avoir de vraies salles de spectacles, mais nous savons aussi le désir des petites villes de voir venir vers eux des compagnies désireuses de jouer. Nous avons donc voulu une mise en espace la plus adaptable possible. Claire peut même jouer sans décor si nécessaire.
Nous souhaitons donc longue vie aux pas de Claire.
Suzanne: Claire Petit
Mise en scène: Pascal Le Goapper, Aurélie Pouget
Lumières: Pascal Le Goapper
Son: Aurélie Pouget